Le Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l'Union africaine (UA), en sa 760ème réunion, tenue le 29 mars 2018, a adopté la décision qui suit sur la situation en République de Guinée-Bissau.
Le Conseil,
Prend note de la déclaration faite au nom du Commissaire à la paix et à la sécurité par le Directeur par intérim du Département Paix et Sécurité et de la communication faite par le Représentant spécial du Président de la Commission pour la Guinée-Bissau, l'Ambassadeur Ovidio Manuel Barbosa Pequeno. Le Conseil prend également note des déclarations faites par la délégation de Guinée Bissau, le Représentant permanent du Togo, en sa qualité de Président de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) et le Représentant de la Côte d'Ivoire en tant qu’un membre africain (A3) du Conseil de sécurité des Nations unies, ainsi que des déclarations faites par les représentants du Bureau des Nations unies auprès de l'Union africaine (UNOAU) et de l'Union européenne (UE);
Rappelle ses communiqués et communiqués de presse antérieurs sur la situation en Guinée-Bissau, en particulier le Communiqué de presse [PSC/PR/BR (DCXXXIV)], adopté lors de sa 734ème réunion tenue le 13 février 2018, appelant les parties prenantes Bissau-guinéennes à respecter leurs engagements, afin de régler la crise et assurer le bon déroulement des prochaines élections législatives de 2018, ainsi que d’entériner les mesures prises par la CEDEAO dans la décision prise le 4 février 2018, y compris l’imposition de sanctions contre les obstructionnistes politiques qui entravent le processus de sortie de crise dans le pays;
Exprime sa profonde préoccupation face à l'impasse politique persistante en Guinée-Bissau qui affecte négativement la situation socio-économique du pays. Le Conseil souligne que l'Accord de Conakry, signé le 14 octobre 2016, reste le cadre principal pour le règlement pacifique de la crise politique et appelle les acteurs Bissau-guinéens à respecter leurs engagements et à assurer la pleine mise en œuvre de la feuille de route de Bissau de 2016 et de l'Accord de Conakry. Par ailleurs, le Conseil souligne que les sanctions imposées par la CEDEAO resteront en vigueur jusqu'à la pleine mise en œuvre de l'Accord de Conakry;
Appelle en outre les autorités de Guinée-Bissau à respecter la Constitution en ce qui concerne la tenue prochaine des élections législatives de 2018, ainsi que les élections présidentielles prévues pour 2019 et souligne la responsabilité principale du Président de la République de promouvoir le respect des conditions nécessaires à un dialogue inclusif et authentique pour instaurer la paix et la stabilité dans le pays. A cet égard, le Conseil demande à la Commission de l'UA d'envoyer, dans les meilleurs délais possibles, une mission d’évaluation technique électorale en Guinée Bissau, afin d'évaluer les conditions et la préparation des prochaines élections législatives et d'informer le Conseil en conséquence;
Note avec satisfaction l’attitude exemplaire des forces de défense et de sécurité en matière de leur position persistante de non-ingérence, qui, à ce jour, se sont abstenues d'intervenir dans la crise politique et institutionnelle. Le Conseil exhorte toutes les parties à s'abstenir de toute action ou déclaration susceptible d'aggraver davantage les tensions et d'inciter à la violence dans le pays;
Réitère son appel à tous les États membres et à la communauté internationale à apporter le soutien financier nécessaire au renouvellement et au fonctionnement de la Mission de la CEDEAO en Guinée-Bissau (ECOMIB), dont le mandat expire le 31 mars 2018. Le Conseil souligne l'importance de la présence continue de l'ECOMIB en Guinée-Bissau, jusqu'à ce que les capacités nécessaires des forces de sécurité nationale de Guinée Bissau soient réalisées;
Exhorte la Commission de la CEDEAO à fournir plus de détails sur les sanctions prises, y compris, en particulier, les détails personnels des personnes sanctionnées et à coordonner régulièrement ses efforts avec la Commission de l'UA, afin de faciliter la mise en œuvre des sanctions par tous les États membres de l’UA. Demande en outre à la CEDEAO d'élaborer un mécanisme afin d’assurer que les sanctions imposées fonctionnent efficacement et que l'Accord de Conakry soit pleinement mis en œuvre;
Demande à la Commission de l'UA de continuer à fournir des mises à jour régulières au Conseil sur l'évolution de la situation en Guinée-Bissau;
Décide de rester activement saisi de la situation.