COMMUNIQUÉ
Adopté par le Conseil de Paix et de Sécurité (CPS) de l'Union africaine (UA) lors de sa 1048e réunion tenue le 15 novembre 2021 sur la lutte contre I ’idéologie extrémiste, la radicalisation et le financement du terrorisme en Afrique :
Le Conseil de Paix et de Sécurité,
Rappelant ses précédentes décisions et prises de position sur la prévention et la lutte contre le terrorisme, la radicalisation et l'extrémisme violent en Afrique, notamment son Communiqué de la 749e réunion tenue le 27 janvier 2018, ainsi que son Communiqué de la 1040e réunion tenue le 22 octobre 2021 ;
Profondément préoccupé par la menace croissante pour la paix et la sécurité en Afrique que représente la propagation de la radicalisation et des idéologies extrémistes, qui favorisent les activités terroristes et sapent les efforts de l'UA visant à mettre fin aux conflits violents et à instaurer une paix, une sécurité et une stabilité durables sur le continent ; notant avec inquiétude que la menace du terrorisme et de l'extrémisme est devenue plus diffuse, impactant diverses régions du continent, et réaffirmant sa détermination à combattre cette menace ;
Également profondément préoccupé par les liens croissants entre le terrorisme, la propagation de la radicalisation et des idéologies extrémistes sur le continent, et la criminalité transnationale organisée, y compris le blanchiment d'argent, les flux financiers illicites, la contrebande, ainsi que le commerce illicite ;
Soulignant le fait que le terrorisme, sous toutes ses formes et manifestations, constitue l'une des menaces les plus graves pour la paix et la sécurité de l'Afrique, et que tout acte de terrorisme est criminel et injustifiable, quelles que soient ses motivations ; et soulignant que le terrorisme ne peut et ne devrait être associé à aucune religion, nationalité ou civilisation ;
Prenant note des déclarations de S.E. M. Sameh Shoukry, Ministre des Affaires étrangères de la République arabe d'Égypte et Président du CPS pour novembre 2021 et de S.E. Ambassadeur Bankole Adeoye, Commissaire aux Affaires politiques, à la Paix et à la Sécurité ; prenant également note des présentations faites par le Directeur de la Cellule égyptienne de lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme, le Directeur par intérim de l'Observatoire d'Al-Azhar pour la lutte contre l'extrémisme et le Directeur par intérim du Centre africain pour l'étude et la recherche sur le terrorisme (CAERT).
Agissant en vertu de l'Article 7 de son Protocole, le Conseil de Paix et de Sécurité,
1. Se déclare profondément préoccupé par l'aggravation du fléau du terrorisme et de l'extrémisme violent en Afrique, y compris l'afflux de combattants terroristes étrangers (CTE), ainsi que par les liens croissants entre le terrorisme, la propagation de la radicalisation et des idéologies extrémistes, et la criminalité transnationale organisée ;
2. Condamne tous les actes, méthodes, pratiques et incitations terroristes, quel que soit le prétexte sous lequel ils sont commis ; condamne également les idéologies et les discours extrémistes, notant qu'ils jouent un rôle direct dans l'exécution finale des actes terroristes ; à cet égard, condamne fermement la récente attaque terroriste dans le nord du Burkina Faso, qui a entraîné la perte de vies humaines et exprime ses condoléances au gouvernement du Burkina Faso et aux familles touchées par ces pertes et souhaite un prompt rétablissement aux blessés ;
3. Souligne que les États membres sont responsables au premier chef de la lutte contre les actes terroristes et l'extrémisme violent et, à cet égard, souligne la nécessité d'adopter une approche globale et holistique de la lutte contre le terrorisme, en s'attaquant aux causes profondes, y compris le chômage des jeunes, et aux conditions qui favorisent le terrorisme, la radicalisation et la propagation des idéologies extrémistes ;
4. Souligne que la lutte contre l'extrémisme violent, qui peut être propice au terrorisme, y compris la prévention de la radicalisation et du recrutement de combattants terroristes étrangers, est un élément crucial de l'approche globale nécessaire pour faire face à la menace que représentent les combattants terroristes étrangers, et demande aux États membres, à cet égard, de s'abstenir d'offrir un refuge, un soutien logistique et financier et de fournir des armes à ces, et de ne pas faciliter leurs mouvements transfrontaliers ;
5. Note avec inquiétude la poursuite de la radicalisation et de la propagation des idéologies extrémistes sur le continent africain, avec le parrainage de pays extérieurs à l'Afrique, y compris par la fourniture de fonds, et à cet égard, affirme fermement que le Conseil prendra des mesures énergiques contre tous ceux qui font la promotion du terrorisme, de la radicalisation et de la promotion des idéologies extrémistes sur le continent ;
6. Réitère la nécessité de renforcer la coordination et la collaboration entre toutes les parties prenantes, y compris les États membres, les Communautés économiques régionales et les Mécanismes régionaux (CER/MR) et la Commission de l’UA par l’intermédiaire du CAERT et du Comité des services de renseignement et de sécurité pour l'Afrique (CISSA) ;
7. Souligne l'importance de contrer toutes les formes de radialisation et d'idéologies extrémistes, ainsi que la diffusion de discours haineux sur le continent, d'où qu'ils émanent ; et souligne que la diffusion d'idéologies extrémistes, de discours haineux et l'incitation à commettre des actes terroristes constituent une menace sérieuse pour la paix et la sécurité du continent, en tant que causes majeures du terrorisme ;
8. Condamne l'incitation à commettre des actes terroristes et déplore l'utilisation abusive des technologies de l'information et de la communication, notamment par le biais de l'Internet et des réseaux de médias sociaux, par des groupes terroristes, en particulier pour diffuser leur idéologie déviante et tenter de recruter de nouveaux adeptes, les jeunes en particulier, et invite les États membres à intensifier leurs efforts pour lutter contre cette menace et à formuler des lignes directives, en consultation avec les parties prenantes concernées, y compris, entre autres, les fournisseurs de services, afin de garantir le retrait rapide des contenus terroristes ;
9. Souligne le rôle important des médias, des institutions religieuses, éducatives et culturelles dans la lutte contre les discours terroristes, la promotion du dialogue interconfessionnel, la tolérance et la coexistence ;
10. Recommande l'inclusion de la lutte contre la radicalisation et les idéologies extrémistes en tant que composante essentielle de la révision attendue du Plan d'action africain sur la prévention et la lutte contre le terrorisme et l'extrémisme violent, comme préconisé par le CPS lors de la 1040e réunion tenue le 22 octobre 2021 ;
11. Souligne qu'il est urgent que les États membres déploient davantage d'efforts concertés et coordonnés pour priver effectivement les terroristes et leurs organisations de toutes les sources de financement, grâce à des efforts concertés et soutenus de la part des États membres pour détruire effectivement les sources de financement des groupes terroristes, et lutter contre la criminalité transnationale organisée, y compris la piraterie, les enlèvements contre rançon, le trafic de drogue et la traite des êtres humains, le blanchiment d'argent, les flux financiers illicites, la vente d'antiquités et l'exploitation et la vente illégales des ressources naturelles, tout en notant que certaines organisations terroristes se réfugient derrière des organisations à but non lucratif;
12. Encourage les États membres à promouvoir des programmes nationaux de prévention à l'échelle de la communauté, incluant les jeunes, les femmes et les chefs religieux, pour prévenir et combattre le terrorisme, l'extrémisme violent et la radicalisation ; appelle également les États membres qui ne l'ont pas encore fait à créer des centres nationaux de lutte contre le terrorisme afin de coordonner les efforts nationaux de prévention et de lutte contre le terrorisme, ainsi que ceux des centres régionaux établis ;
13. Invite les États membres à intensifier leurs efforts pour échanger les meilleures pratiques, leur expertise, leurs expériences et les leçons apprises dans la lutte contre les idéologies extrémistes, et à explorer les perspectives de lancement d'initiatives communes sur le continent ;
14. Demande à la Commission de l'UA, en collaboration avec les États membres, les Communautés économiques régionales et les Mécanismes régionaux (CER/MR), ainsi qu'avec les organisations internationales compétentes, y compris les Nations unies et les partenaires bilatéraux, de dresser d'urgence une liste continentale des personnes, groupes et entités impliqués dans des actes terroristes, y compris les combattants terroristes étrangers, ainsi que de ceux qui les parrainent;
15. Demande à la Commission de l'UA, par le biais du CAERT et d'autres institutions de l'UA travaillant sur le même sujet de présenter un rapport au CPS sur l'état actuel des efforts visant à prévenir et à combattre la radicalisation et à contrer les idéologies extrémistes, ainsi que les efforts visant à contrer l'environnement propice au terrorisme dans les États membres, avec des recommandations spécifiques sur la façon de combler les lacunes existantes, ainsi que sur le renforcement du rôle de l'UA à cet égard ;
16. Décide de demeurer activement saisi de la question.